Réflexions sur les sociétés de l'écran (PHIL401_LLSH)

L’écran désigne à la fois ce qui donne à voir (support de projection d’une image) et ce qui empêche de voir vraiment (« ce qui fait écran », ce qui cache la réalité). Ainsi, deux perspectives intellectuelles semblent s’affronter à propos des écrans et de leur place dans la société : tantôt dénonce-t-on les dangers de l’image-écran, source de désocialisation et de confusion voire de manipulation entre le fictif et le réel ; tantôt au contraire célèbre-t-on les écrans comme hyper-connectivité sociale, liberté de penser et d’échanger, espace imaginaire et création esthétique. Mais alors, entre esthétique et politique, entre cinéma et propagande, que révèle et que cache la technologie de l’écran ? Et quelles corrélations ce medium induit-il entre mass médias, mouvements de masse et transformations des mentalités au début du XXe siècle dont nos sociétés contemporaines procèdent encore ? à la croisée des sciences humaines et sociales, de l’esthétique et du politique, notre enquête culturelle et philosophique analysera la naissance des sociétés de l’écran au sens large (l’avènement de la photographie et du cinéma), en rediscutant en particulier les œuvres de Walter Benjamin et de Siegfried Kracauer, deux représentants majeurs de la Théorie critique développée par l’école de Francfort.

Bibliographie principale (la bibliographie sera complétée en cours) :

BENJAMIN Walter, « L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique », in Écrits, trad. M. de Gandillac, R. Rochlitz et P. Rusch, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2000, t. 3.
BENJAMIN Walter, « Petite Histoire de la photographie », in Écrits, trad. M. de Gandillac, R. Rochlitz et P. Rusch, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2000, t. 1.
KRACAUER Siegfried, De Caligari à Hitler : une histoire psychologique du cinéma allemand, trad. C. B. Levenson, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1973.
KRACAUER Siegfried, L'Ornement de la masse, trad. S. Cornille, Paris, La Découverte, 2008.
KRACAUER Siegfried, Théorie du film, trad. D. Blanchard et C. Orsoni, Paris, Flammarion, 2010.